Efficacité vs écoute
Toi, quand tu interagis avec quelqu’un, prends-tu vraiment le temps de l’écouter? Essaie-tu de réellement comprendre ce qu’on te dit?
Les différents modes de communication ont grandement évolué depuis plusieurs années. Ces changements ont apporté du positif comme du négatif dans nos interactions. Dans nos relations professionnelles comme personnelles, on peut parfois avoir l’impression de faire du sur place. Est-ce qu’on se comprend vraiment, quand on interagit? Comment est-ce qu’on pourrait mieux communiquer?
Il existe tellement d’outils différents pour favoriser la communication et la rendre plus efficace. Mais, tu l’as sûrement remarqué, on ne communique pas de la même façon sur les réseaux sociaux que face à face. On choisit mieux ses mots quand on regarde son interlocuteur dans les yeux. Quand la probabilité de le rencontrer à nouveau est présente.
On fait preuve de plus de délicatesse quand on sent l’être humain avec qui on échange. Ce qui me laisse croire que l’efficacité n’est peut-être pas toujours la meilleure option.
Comprendre : le mot le plus important
Lorsqu’on communique, est-ce qu’on a vraiment envie de connaître l’autre, de le comprendre, d’échanger et de transmettre? Ceux et celles qui se limitent à des textos ne ressentent pas nécessairement l’envie de rencontrer l’autre. De l’écouter, de le comprendre. Ils ont des informations à passer. C’est rapide et efficace, mais la profondeur n’est pas nécessairement au rendez-vous.
Comprendre, c’est le mot important pour mieux communiquer, mais c’est parfois le mot qui manque. J’ai souvent l’impression que, dans le monde d’aujourd’hui, il manque cette volonté de comprendre l’autre.
Lorsque j’essaie d’expliquer une situation complexe, il m’arrive de me faire dire : « Ça va, je comprends, pas besoin de plus de détails », et on passe au sujet suivant. Je reçois cela comme un blocage, un refus d’écouter, une censure. Mes présentations à travers mes conférences actives, mes écrits et mes rencontres veulent répondre, à ma façon, à cette urgence. C’est l’une des urgences importantes de notre temps : l’urgence d’établir un réel dialogue.
Réseaux sociaux : un des fléaux de l’écoute active
Ce manque de compréhension entre chacun.e crée une séparation profonde entre les différents groupes sociaux. Lorsqu’on se trouve devant quelqu’un qui est différent de nous, il existe déjà des barrières à notre compréhension commune. Mais, lorsqu’en plus on ne fait pas d’effort pour écouter activement, alors là, la compréhension est presque impossible!
Ce phénomène est maintenant exacerbé par les réseaux sociaux. Sur ces derniers, il est extrêmement difficile de prendre le temps de comprendre réellement. Nous sommes ensevelis sous un défilement infini d’information continue.
Souvent, on ne lit que les titres et on se forme une idée à partir de ceux-ci. Les entrevues sont toujours plus brèves et il y a une exigence de réactions instantanées. Le temps entre l’apparition d’une pensée et son expression n’a jamais été si court. Il en résulte un manque de nuance qui m’effraie, et une polarisation croissante.
Cette obsession de tout communiquer en temps réel occupe une place prépondérante dans la liste des entraves à la communication. Ça nous coupe de l’apprentissage qui découle d’un dialogue intelligent.
Prenons le temps de réfléchir. Il est difficile, voire impossible de dire quelque chose d’étoffé et de constructif quand on ne prend pas le temps de réfléchir. Il est encore plus difficile de réussir à mieux communiquer quand on ne s’arrête pas pour écouter.
La réflexion est essentielle
Les gens me consultent souvent parce qu’ils font face à un problème pour lequel ils ne trouvent pas de solution. Je les félicite et leur demande de faire un petit exercice.
Je leur demande simplement, avant une rencontre avec moi comme coach ou mentor, de remplir une feuille. Celle-ci devrait décrire l’état de leur situation ou de celle de leur entreprise. Elle devrait aussi lister les conséquences de cette situation et les trois solutions potentielles pour l’améliorer.
Si je reçois cela par écrit, je vais pouvoir suggérer trois solutions. Elles ne régleront pas les problèmes, mais elles nous mettront sur la bonne piste. Ensuite, on décidera ensemble si on veut les améliorer ou les rejeter pour en créer de nouvelles.
C’est impressionnant de voir combien les gens ont de la difficulté à effectuer cet exercice. On n’est plus habitué de s’asseoir et de prendre le temps de réfléchir profondément sur un sujet.
Le rejet du dialogue
Ce qui m’inquiète surtout, c’est le manque de volonté d’écoute qui se traduit par le rejet du dialogue. Je te mets au défi de prendre conscience du manque d’écoute qui t’entoure. Par exemple, la prochaine fois que tu assistes à une rencontre, essaie de remarquer le nombre de fois que quelqu’un coupe la parole à un.e autre.
Ou encore, lorsque tu parles, arrête-toi au milieu de ta phrase ou de ton exposé. Remarque la rapidité avec laquelle une des autres personnes prendra la parole à ta place, plutôt que de t’inviter à finir ta phrase.
Le but n’est pas de commencer à blâmer qui que ce soit. Nous sommes tous coupables de cela! Le but est de se questionner sur nos habitudes de communication. Peut-être même discuter ensemble de comment on pourrait mieux communiquer!
Les préjugés nocifs
De plus, nous avons tendance à porter des jugements très rapides. « Cette personne est de droite, son opinion n’a pas de valeur. » Ou « cette personne est de gauche, elle demande toujours plus et veut tout sans contribuer. » « Il n’a pas la bonne couleur de peau, sa parole n’est pas valable. »
Le rejet et l’exclusion nous conduisent à une sorte d’interdiction de communication. Pourtant, l’histoire devrait nous avoir appris que la pensée unique est aussi toxique qu’inefficace.
C’est la diversité des approches, des savoirs et des expériences qui nous permettent de faire les bons choix. C’est ce qui nous permet de réaliser nos projets et de nous épanouir. Du choc des idées jaillit la lumière.
Le contraire est également vrai : limiter le débat, c’est favoriser l’obscurantisme. Rappelons-nous la mainmise de l’Église au XXe siècle qui a été, pour les femmes en particulier, une période extrêmement difficile. Il en a fallu des luttes pour obtenir le droit de vote, avoir un compte de banque, avoir droit à l’avortement. Et ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres.
Censurer, de quelque façon que ce soit, c’est couper la communication et la transmission en se donnant bonne conscience. On ne combat pas une idée en l’ignorant tout comme on ne combat pas un complotiste en l’insultant.
L’absence de dialogue direct, d’humain à humain, est un puissant fertilisant à la discorde. Ça détruit bien des projets et des vies et conduit trop souvent à la haine. C’est un gaz sur le feu qui nous empêche de mieux communiquer. En matière de vivre en harmonie, le silence est nettement plus dangereux que les mots échangés face à face.
Mieux communiquer : avant tout une question de respect
Dans ma carrière d’entrepreneur et d’accompagnateur, je peux compter sur quelques doigts le nombre de fois où une personne m’a manqué de respect en face. C’est bien rare que ça arrive lorsqu’on se trouve l’un devant l’autre.
Je suis persuadé qu’on tolère mieux les maladresses verbales lorsqu’on est face à face. La proximité favorise le respect. C’est pourquoi je crois qu’il faut réapprendre à communiquer sans que ce soit toujours par l’entremise des réseaux sociaux. Il faut réapprendre à favoriser l’écoute plutôt que l’efficacité.
Cela nous permettra de nous connaître mieux les uns les autres. De découvrir nos histoires individuelles. En dialoguant avec sincérité et patience, on fait reculer les préjugés, on se construit un avenir commun, positif.
Alors, dialoguons, apprenons à écouter afin de mieux communiquer.
Raymond